La dissertation est composée d’une introduction structurée de manière très rigide et de deux parties distinctes. Cette fiche n’a pas la prétention de vous donner une méthodologie universelle, chaque enseignant ayant ses propres attentes mais elle constitue une synthèse de ce qui est globalement attendu d’un étudiant de licence.
Etape préliminaire : Comment rédiger un bon brouillon ?
A- La construction de la problématique
Commençons tout d’abord par lire le sujet à plusieurs reprises et s’intéresser à sa structure. Quels mots sont importants ? Quels concepts soulève-t-il ?
A l’aide de son bagage de connaissance ou de son cours, il faut définir chaque mot du sujet de façon générale puis juridique et adapter la définition au concept (qui est déterminé grâce à la place du mot dans la phrase).
Exemple : « Le juge et la loi »
Raisonnement à adopter : Qu’est-ce qu’un juge ? Qu’est-ce que la loi ?
Juge : magistrat, personne qui tranche un contentieux.
Loi : une source du droit, et plus précisément les textes votés par les parlementaires.
« et » soulève l’articulation des deux concepts : quel est celui qui domine ? Le juge ou la loi ? Le juge ne peut pas rendre d’arrêts de règlements → il est soumis à la loi. Mais la loi peut être lacunaire → elle va donc être interprétée par le juge. Les deux notions ne semblent donc pas autant s’opposer que ce qu’on pensait au départ : ils sont bel et bien complémentaires ! Eureka ! On a trouvé l’essence du sujet.
C’est d’ailleurs cette essence qui va permettre de formuler la problématique. C’est généralement une question directe se terminant par « ? ». Mais aussi plus rarement il peut s’agir d’une question tournée tous la forme d’une affirmation « Il convient de s’interroger sur … ». Cette question va servir de « guide » au devoir : elle a une place centrale.
Exemples :
→Problématique « question » : Quels rapports entretiennent le juge et la loi ?
→Problématique « affirmation » : Il convient de s’intéresser aux rapports qu’entretiennent le juge et la loi.
B- La délimitation du sujet
Il faut tout lire attentivement le sujet et non pas se contenter de le survoler. Chaque mot a son importance tout comme les signes de ponctuation.
1- En règle générale le sujet porte sur un chapitre ou une partie spécifique du cours.
Il aura un intitulé caractéristique d’un élément étudié dans ce chapitre :
Exemples : La cohabitation sous la Vème République / Le principe de liberté en matière fiscale
2- Mais cependant il se peut que le sujet porte sur plusieurs chapitres ou thèmes étudiés lors du semestre.
À ce moment-là, il ne faut pas paniquer et marquer sur la feuille de brouillon les thèmes ou points étudiés qui peuvent rentrer dans le sujet. Dans tous les cas, il ne faut retenir que les parties qui peuvent aider à éclairer le sujet. Toute idée ne rentrant pas dans le cadre du sujet doit être systématiquement éliminée.
Exemple de sujet « transversal » : Quels sont les apports de la réforme de 2016 en droit des contrats ?
Il se peut aussi qu’une incompréhension apparaisse à la lecture du sujet. Pas de panique, il ne faut pas se laisser envahir par le stress qui peut paralyser la réflexion au cours de l’examen. Il faut penser que l’enseignant donne toujours au moins un sujet de réflexion et un sujet orienté cours lorsque 2 sujets de dissertation sont proposés. Il convient alors de se tourner vers le sujet « cours » si le sujet transversal suscite un quelconque malaise.
C- La logique construction du plan
Une fois les idées listées, il convient de les classer en 4 catégories. Ces catégories doivent être déterminées par une idée directrice.
Exemple : Le juge est la loi. Ce sujet est un sujet de droit civil de L1.
Les idées retenues : : principe de légalité, loi, arrêts de justice, degrés de juridiction, article 4 du code civil obligation de juger, article 5 code civil interdisant les arrêts de règlement, Montesquieu, l’esprit des lois …
Les catégories qui permettent d’organiser les idées : le juge soumis à la loi, le juge se substituant au législateur, les sources du droit, le devoir du juge.
Il faut ensuite hiérarchiser les idées : les idées doivent être regroupées par 2 de manière logique pour former une partie. Les « idées principales », celles où on a le plus de choses à dire ou bien celles qui nous semblent très importantes doivent être mises « au cœur » de cette organisation : I/B et II/A.
Ensuite, il convient de donner des intitulés à chaque sous partie. Privilégier des titres courts. Il ne faut absolument PAS utiliser de verbes conjugués ou de participes présents, ni de conjonctions de coordination « Le fameux mais / ou / et / donc / or / ni / car ». Il convient également de qualifier ses titres.
Exemple : A- Le pouvoir créateur du juge
Il faut ensuite trouver des titres pour les grandes parties. Il faut respecter la même méthode que pour les sous titres : pas de verbes conjugués, etc.
Exemple : I – L’indispensable soumission du juge à la loi
Il ne reste plus qu’à relire le plan et vérifier qu’il corresponde bien au sujet. Si dès le départ les idées qui ne rentrent pas dans le cadre du sujet ont été éliminées, le risque de hors sujet est limité. Il faut également que le plan soit cohérent et fluide, qu’il y ait un fil connecteur entre chaque partie.
Une fois le plan établi, il faut passer à la préparation de l’introduction.
Etape 1 : Préparation à la rédaction de l’introduction
Beaucoup de personnes rédigent leur introduction au brouillon, cependant cette étape fait perdre un temps précieux pour la rédaction ce qui risque d’augmenter les chances de rendre un devoir bien construit au début et bâclé à la fin, voir incomplet ce qui irrite le correcteur.
JE PREFERE PRECISER TOUT DE SUITE : (personnellement), je ne m’engage à rien et n’engagez pas de poursuites judiciaires à mon encontre si vous ne réussissez pas à faire cela du premier coup à l’examen, il faut bien entendu s’entrainer (beaucoup) avant.
A- Délimiter la feuille de brouille en écrivant en MAJUSCULE les grandes étapes de l’introduction : laisser des « blancs » entre pour compléter
· Accroche :
Il peut s’agir d’une citation qui a été mémorisée (attention, il faut préciser le nom de l’auteur), un adage (par exemple « l’union fait la force » utile en droit des sociétés) ou alors un bref aperçu historique du sujet si vraiment il n’y a pas grand-chose que l’on connait pour introduire le sujet (à éviter cependant) « Depuis toujours les hommes ont fait du commerce … ». Si vous n’avez vraiment aucune idée, présentez sobrement le sujet pour aboutir avec fluidité à la définition des termes.
· Définition des termes du sujet :
Il s’agit de définir (juridiquement) les principaux mots du sujet. Généralement cette étape a été effectuée dès le début en identifiant les idées et concepts qui se rattachent au sujet. Il ne faut cependant pas négliger cette partie car elle est un bon antidote au hors sujet
Exemple : « Entreprise et société » : il faut définir l’entreprise « comme un concept qui n’a pas été développé par le droit (terme large) » puis la « société » …
· Délimitation du sujet :
Si le sujet est large, définir la période historique, la branche du droit concerné. Si la matière a connu une réforme, préciser si la dissertation va porter sur le droit positif ou le droit antérieur à la réforme …
La délimitation peut être négative, vous pouvez dégager logiquement ce que vous ne traiterez pas dans le sujet, comme avec l’exemple d’une réforme ;
Exemple : Cette notion étant née de la réforme de XXXX, il est évident que le droit positif sera seul étudié. Il ne s’agira donc pas de traiter du droit antérieur à cette réforme.
· Intérêt du sujet :
C’est ce qui est le plus important pour le correcteur. Il faut montrer que son sujet est pertinent, qu’il y a matière à dire. Généralement c’est là qu’il faut commencer à aborder une actualité ou une controverse doctrinale. Il ne faut pas négliger cette partie sans toutefois trop s’étendre au risque de ne plus rien n’avoir à dire dans les développements. Le dosage doit donc être minutieux, comme quand on met du piment dans un plat cuisiné 😉
· Problématique
Elle a été trouvée au tout début du brouillon. Il faut simplement l’annoncer et la rédiger.
· Annonce du plan :
Elle prend la forme d’une phrase simple mais efficace « Il convient d’envisager… (I) puis d’étudier… (II) ». Il faut éviter les « premier temps, deuxième temps » qui sont perçus comme très scolaires. Si on veut se démarquer du lot, il est possible d’utiliser une construction plus originale et réfléchie « Si le juge semble soumis à la loi (I), il est cependant possible d’envisager ce rapport comme complémentaire (II) ». Cette dernière donne la sensation à votre lecteur que votre plan est logique, fluide.
B- La rédaction de la copie
La copie dit être rédigée avec un stylo non effaçable noir ou bleu. Il faut dans tous les cas aérer la copie et éviter les ratures.
1. Introduction
Pour l’introduction, reprendre chaque étape vue au brouillon et la rédiger avec des phrases simples et précises (sans bien sûr cette fois ci indiquer le nom de l’étape sur la copie). Aller à la ligne quand on passe d’une étape à l’autre. Utiliser le style direct.
2. Développement
Les titres doivent être soignés. Ne jamais marquer un titre en fin de page. Souligner les titres.
Conseil personnel : Privilégier une écriture en majuscules d’imprimerie pour les titres des grandes parties afin de les démarquer du lot et faciliter la lecture du devoir par l’enseignant.
Les développements dans les parties :
Une idée par partie et une partie par idée. Tel est le mot d’ordre de la dissertation.
Eviter impérativement tout style personnel « je » ainsi que les pronoms « on, nous ». De la même manière il faut faire des phrase courtes : « SUJET + VERBE + COMPLEMENT + ADJECTIF ».
Les chapeaux doivent être rédigés de la même manière que l’annonce de plan initial. Il faut les indiquer entre le titre de la grande partie (I/II) et celui de la première sous partie (A) et permettent d’indiquer ce qui sera traiter dans une partie (concrètement ; dans le I annoncez vos A et B, et faites de même dans le II). Même s’il peut sembler primordial voire « crucial » (selon ce qui est dit par les étudiants) pour beaucoup, il faut les laisser à leur place : celui d’une annonce de titre. Donc pas de style lourd mais plutôt des phrases courtes et directes.
La conclusion : ☹ elle est strictement interdite par la plupart des enseignants car le droit est une matière qui évolue en permanence et qui est soumise à controverses. Donc il n’est pas possible de donner un avis objectif tranché sur une question de droit.
Il est cependant possible d’envisager des évolutions qui pourraient avoir lieu dans le II/B ce qui constitue alors une « ouverture » (débat doctrinal, avant-projet de réforme, hypothétique revirement de jurisprudence). Généralement cela est apprécié par le correcteur.
Louis-Xavier LANDI
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